top of page

Voyage en eaux peu profondes

DSC_0947.JPG

Le Panama est traversé dans sa longueur par la célèbre route « Panaméricaine » (voie rapide longue d’environ 30 000km reliant l’ensemble des Amériques). Au Nord de cet axe s’étire la Cordière de Talamanca puis les côtes de la mer Caraïbe. Au Sud, les longues plages de l’Océan Pacifique. Entre ces longues plages se trouvent de petites villes et villages côtiers. Notre nouvelle aventure se déroule au creux de l’une de ces criques dont le Panama déconnecté de la fièvre américaine a le secret. Après de longues et interminables heures de bus, le village de Santa Catalina s’offre à nous. Si ce nom vous est inconnu, c’est que vous ne faites pas parti de la famille des surfeurs. « La Punta » est le spot de surf le plus avancé en Amérique Centrale. Le site est souvent le lieu de compétitions nationales et internationales ! La vie de Santa Catalina varie au rythme des saisons touristiques. En saison basse (de Mai à Novembre), le village reprend son allure calme et paisible. Bien que partant pour une séance photo avec des surfeurs en action, nous ne sommes pas venus pour ça. Santa Catalina est aussi le point de départ le plus proche pour le parc national de Coiba. Réserve marine créée en  1992, le parc est constitué de 38 îles dont l’Isla Coiba (la plus grande de Panama). Reconnu par l’UNESCO en 2005, le parc offre des ressources naturelles et un récif corallien riche et préservé.

Sur le papier cela fait rêver et on peut vous dire que dans la réalité aussi. Les plages de la côte sont magnifiques, sauvages et intactes. Nous en sommes tombés amoureux. Nous décidons de répondre à l’appel du grand large et nous programmons une journée « Snorkeling » (nage, plongée avec palmes, masque et tuba). Pour notre deuxième réserve marine, la découverte se fera de manière subaquatique. Echo’logique n’en est pas à son premier parc et notre sens critique s’est aiguisé. Nous essayons de regarder derrière le rideau. L’entrée du parc national est de 20$, mais que devient note argent ? Quelles sont les actions menées en son sein ? Comment tourisme de « masse » et réserve marine s’accordent-ils ? Ces questions trottent dans nos têtes.

20190630_195730.jpg

   Avant de commencer le voyage en bateau qui durera 1h15, aucune consigne ne nous est donnée.  A première vue le parc ne comprend aucun règlement pour les touristes. Etrange. En plus de croiser quelques bouteilles en plastique (rien d’alarmant), nous passons près d’un bateau de pêcheur, chose interdite dans une réserve. La violation est évidente mais ne semble guère gêner les locaux présents. La première halte se fait sur la plage d’une petite île de la réserve.

Elle est en réalité un îlot rocheux pris d’assaut par les bateaux touristiques. Pour la première fois, nous ressentons le poids de la masse humaine sur l’environnement que nous découvrons. Les eaux peu profondes sont vastes et nous restons en basse saison ; par chance nous ne nous marchons/nageons pas les uns sur les autres. Le guide, peu soucieux, se hâte de faire le tour de l’île avec ses palmes en montrant aux autres membres du groupe les endroits à ne pas rater. Nous restons tous les trois seuls.

Nos yeux découvrent la vie du monde sous-marin. Libérés de la pesanteur, les poissons de toutes les tailles semblent voler. La surface est devenue le ciel et nous les observons émerveillés flottant comme des nuages pour eux. Profondes entre 2 et 4 mètres, les eaux laissent passer les rayons du soleil. La luminosité est parfaite, le moment aussi. Rapidement nous comprenons que le lien entre fond marin et vie aquatique est très fort, évident. Les poissons se nourrissent des coraux, les entretenant par la même occasion, et s’y cachent lorsque nos présences les effraient. Entre refuge et source de nourriture, les coraux sont la base essentielle de leur existence. Les mots tout comme les connaissances nous manquent pour vous décrire facilement ce que nos yeux ont vu. La diversité des couleurs et des tailles ne semble avoir comme limite que celle de l’imagination.

   Elle est la plus impressionnante de toutes avec son 1,5 mètre de long. Souffrant de ses plusieurs centaines de kilos sur la plage lorsqu’elle vient pondre, elle vole et plane dans l’univers liquide. Jamais nous n’oublierons ce moment. Nous gardons nos distances mais avant de la laisser dans l’immensité de l’océan, Maxence prend son inspiration et plonge en apnée la rejoindre. Il se rapproche, son bras se tend et enfin la touche. L’animal se retourne, leur regard se croise. En trois mouvements, la voilà repartie au loin.

Il faut savoir qu’aujourd’hui 6 des 7 espèces des tortues marines sont considérées comme menacées ou gravement menacées. Les raisons ?

  • Capture « accidentelle » dans des filets de pêche toujours plus grands.

  • Perte et dégradation de leur habitat avec le développement anarchique de l’Homme sur les côtes.

  • La chasse et le braconnage.

  • Le changement climatique avec le réchauffement de la température globale de l’eau.

  • La pollution plastique ; grand fléau pour les tortues qui confondent proies et sacs plastiques
     

Nous vous épargnons quelques autres pas plus réjouissantes. Bien sûr vous vous doutiez de tout cela mais que pouvons-nous faire ? La création d’espaces marins protégés est une des solutions évidentes à privilégier.

C’est à ce moment là que nous nous interrogeons : la création de ces zones est vitale pour les tortues. C’est un fait. La présence touristique et de l’Homme en général  sont-elles nécessaires ou obligatoires. Un juste équilibre est à trouver. Nous pensons que l’impact de la présence humaine doit être limité et contrôlé. De surcroît s’ajoute une action de sensibilisation et d’informations majeure pour tout touriste qui souhaite venir y tremper son corps et son maillot de bain.

Cette journée nous aura fait rêver. Nous repartons en connaissant maintenant un nouveau visage de cette nature que l’on aime tant et qu’il faut  préserver. Loin d’avoir eu toutes les réponses à nos questions, nous gardons en tête au-delà de l’émerveillement, le sentiment que le GreenWashing peut se cacher peu ou prou derrière les belles initiatives.

Questionner et se questionner font partie de notre démarche d’Echo’aventuriers.

 

 

GreenWashing :  Procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation (entreprise, administration publique nationale ou territoriale, etc.) dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse.

DSC_0918.JPG

Propre à chacune de nos histoires, nous devions avoir LE moment ; la petite apogée qui marque nos esprits.

Une forme de plus en plus en grosse se détache et sous nos yeux écarquillés apparaît celle que nous étions venu voir : la tortue marine. La reine de ces eaux nous rend visite. Elle nous voit, nous tolère et semble si paisible. Le reptile est grand et s’apparente à une tortue Luth.

bottom of page