
Entre jungle et plage
Si je vous dis "parc national du Corcovado", ça ne vous dira sûrement pas grand chose. Il s'agit de l'un des plus connus et des plus grands du Costa Rica. La richesse de sa biodiversité, est quasiment sans égal (1% de la biodiversité mondiale). Ce parc est fantastique pour un projet comme le nôtre. Fière de sa popularité, le parc doit se faire obligatoirement avec un guide et il est très fortement conseillé de le faire en 2 jours avec une nuit sur place. Total: 200$ par personne. Super ! On ne l'a donc pas fait..
On a trouvé mieux grâce à des conseils bien avisés. Nous avons eu connaissance d'un sentier de randonnée d'environ 20km se détaillant entre jungle et bord d'océan. Au bout de cette randonnée un hôtel avec dortoir sous moustiquaire et l'entrée du parc.
La jungle présente dans le parc s'étale sur cette partie de la péninsule d'Osa. Nous nous sommes donc dits que les animaux devaient être là-aussi.

Levé 5h, nous voilà partis à 6h sur le chemin de l'aventure. Très vite, le sentier se trouve être d'une rare beauté et quasi exclusivement pour nous.
La dense forêt tropicale s'éclaircit pour laisser place aux derniers palmiers et cocotiers avant que les criques et les plages ne leur succèdent.
Notre première baignade arrive après 2h de marche, dans un petit enfoncement du rivage. Les rouleaux de l'océan pacifique nous ont bien secoués mais une baignade à 8h du matin dans une eau à minimum 30C°, ça ne se refuse pas.
Peu de temps après cette halte, nous entendons puis observons pour la première fois des singes-araignées. Ils portent très bien leur nom : leur queue se confond leurs membres. D'une très grande agilité, ils sont les funambules de la forêt. Restant prudents, ils gardent une distance de sécurité, mais nous observent.
Ce petit échange est marquant pour nous: premier mammifère sauvage du voyage. Cette satisfaction est complétée par une deuxième rencontre. Nos yeux sont attirés par un mouvement dans les branches. un, deux, trois puis quatre et c'est tout une tripotée de singes capucins à tête blanche qui apparaît devant nous. Il ne semble pas s'inquiéter de notre présence et continue à chercher de la nourriture. Les observer à été un réel plaisir et un sacré rappel quant à notre parenté avec ce petit animal.
Nous installons notre pique-nique sur une très belle plage. Les rochers et les criques ont laissé place à un long rivage où les vagues prennent le temps de se former. On comprend que le surf puisse être un des plaisirs de la côté.
Sous un manguier semblant se coucher sur le sable, nous prenons le temps de profiter et d'observer la nature. Sans construction aucune, notre sentier non-balisé, est la seule trace de l'homme.
Le point d'orgue de notre journée est à l'occasion de notre seconde rencontre avec les singes à têt blanche. C'est la petite histoire dans laquelle la patience est récompensée. Après de très longues minutes le bras levé à attiser la curiosité de nos compagnons acrobates, l'attente est enfin payante. Armé d'un fruit, la main tendu vers les branches, Mathieu (Goupi) établi le contact avec un petit singe trop curieux pour avoir peur. La photo immortalise le moment. Elle témoigne des sentiments présents. Le sourire d'enfant de Goupi est accompagné de la bouche grande ouverte d'Audrey, ébahie par la scène. Je me remercie d'avoir appuyé sur ce bouton pour prendre l photo. La scène peut paraître pour les voyageurs, mais elle vient conclure de longues minutes de silence et d'observations. Bien que collective, cette expérience a été vécue individuellement.
La journée s'étire et les moments de marche sous le soleil sont entrecoupés par de courtes pluies tropicales. Les kilomètres défilent, la fatigue commence à se faire sentir. Nous prenons le temps de profiter de façon privilégiée l'oiseau mythique qu'est le toucan. Les jambes très lourdes et courbaturées, nous finissons les derniers kilomètres dans l'humidité propre aux fins de journées. Le dénivelé est très fort et s'apparente à de l'escalade les pieds dans la boue.
Fourbus mais heureux nous voilà au lit à 21h20 après 22km parcourus.

Le lendemain c'est reparti pour le chemin inverse. La journée a fait la part belle à notre amour pour les oiseaux: un couple de perroquets, Aras rouges. Mesurant 85cm, l'oiseau est imposant et impressionnant. L'occasion d'apprendre qu'il peut vivre jusqu'à 100 ans!
Les rivières (rio), nous obligent à retirer nos chaussures pour les traverser malgré nos tentatives de créer un pont.
Au détour d'une plage, notre regarde se fige sur un reptile non identifié. Après observation, un bel iguane dont les couleurs luisent au soleil, se laisse approcher lentement. Moment notable aussi, à l'occasion duquel nous retenions notre souffle pour le voir plus longtemps.
Nous allons revivre ce moment particulier deux nouvelles fois.
Dans une zone dégagée de la végétation habituellement très dense, nous nous sommes figés lorsque l'un d'entre nous aperçu cet animal peu connu qu'est le coati. De la taille d'un gros chat, il se rapproche du raton laveur. Pas le temps de prendre une photo, le voilà déjà reparti dans les buissons.
Enfin, à l'occasion d'un nouvel échange de regards avec les singes araignées, nous remarquons ce qui ressemble de loin à un petit mammifère. Incroyable et inattendu: un fourmilier. Loin de ressembler à son géant cousin le tamanoir, le fourmilier mesure 1.20m. Agile dans les branches basses, il se déplace sans même nous apercevoir. Dormant entre 15 et 16 heures par jour, nous avons été très chanceux.


La liste des animaux observés est longue et je ne vous raconte pas tout. A ces belles découvertes s'ajoute le vautour et l'aigle ainsi que tous les animaux (oiseaux principalement) que nous n'avons pas pu identifiés.
Ces deux jours resteront gravés dans notre mémoire. En dépit des 40km parcourus, des pluies fréquentes et des crampes, nous nous sommes sentis libres, plongés dans une nature luxuriante et sauvage.
Loin du tumulte des hommes et des attractions touristiques, cette randonnées entre jungles et rivages de nouveau montré l'intérêt et la nécessité d'agir pour la préservation de ce qui nous entoure.
Pura Vida.